Kofi Annan, alors secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies, écrivait pour la Journée internationale des personnes âgées en 2006 :
Étant donné que les êtres humains vivent désormais de plus en plus longtemps, l'ensemble de la famille humaine a tout intérêt à encourager et à faciliter un vieillissement productif et actif, dans de bonnes conditions de santé. Le monde entier tirerait parti d'une génération de personnes du troisième âge autonomes et à même d'apporter d'immenses contributions à l'effort de développement et à l'édification de sociétés plus productives, plus pacifiques et plus viables sur le long terme. (...)
Ensemble, nous pouvons - et devons - faire en sorte que les populations vivent non seulement plus longtemps mais qu'elles aient aussi une vie meilleure, plus enrichissante, plus gratifiante et plus épanouissante (1).
Vieillir en restant actif (2) est l'approche de l'Organisation mondiale de la santé face à l'augmentation rapide du nombre des plus de 60 ans. Pour vieillir en restant actif, il faut, selon l'OMS, saisir les occasions de bien-être physique, social et mental tout au long de l'existence et en tirer le maximum afin de prolonger l'espérance de vie en bonne santé.
Une société pour tous les âges est une société inclusive qui ne caricature pas les aînés comme des malades ou des retraités, mais qui les dépeint à la fois comme agents et bénéficiaires du changement.
Les promesses de l'intergénérationnel
Dès qu'on fait un travail donné avec des gens de diverses générations, il est mieux fait, plus enrichissant. Un travail fait avec des gens d'une même génération est assez ennuyeux et sans intérêt. Il n'y a pas de plus grande tristesse pour une génération que de n'avoir pas de contact avec une autre. Tout simplement parce que chacune croit toujours aux mêmes idées. Du coup, elle manque de cet apport, de cette mise en question que l'autre génération peut donner.
(Michel Serres) (3)
En conclusion
Il faut réagir devant l'attitude âgiste de la société, où le modèle de référence est toujours celui d'une jeunesse de conte de fée : éternelle, immuable, ultra-performante, inhumaine ; une fuite en avant mais sans altération !
La vie est plus intéressante, plus prometteuse, quand on regarde attentivement comment cette peur de vieillir, qui mine la société actuelle, nous contamine nous aussi à l'intérieur. Je dis que c'est plus prometteur parce que nous avons une prise sur ce qui nous habite ; nous pouvons agir sur notre imaginaire, nous pouvons devenir nous-mêmes plutôt qu'être continuellement définies par l'extérieur. Nous avons, individuellement et collectivement, la possibilité et la responsabilité de remettre en question notre regard teinté par la peur ; nous avons la possibilité et la responsabilité de voir comment nous participons nous aussi à entretenir la peur et les mythes. Nous avons la possibilité et la responsabilité de nous inventer à l'infini pour ce que nous sommes et de vivre passionnément, pleinement, notre avancée en âge ; pour vivre pleinement tous nos âges.
Comme dirait ma collègue Nicole : je ne suis pas une statistique en trois dimensions !
Ce n'est pas méritoire d'être jeune quand on est jeune, on ne sait rien faire d'autre. Mais le tour de force que ça représente d'être jeune quand on ne l'est plus, ça me tire des larmes. Salut les acrobates ! Car les enfants, malgré des fulgurances, ne sont que des enfants. Eux, les vieux, cumulent tous les âges de leur vie. Tous ceux qu'ils ont été cohabitent, sans compter ceux qu'ils auraient pu être et s'obstinent à venir empoisonner le présent avec leurs regrets ou leur amertume. Les vieux n'ont pas seulement soixante-dix ans, ils ont encore leurs dix ans et aussi leurs vingt ans et puis trente et puis cinquante et en prime les quatre-vingts piges qu'ils voient déjà poindre...
(Benoîte Groult) (4)
En guise d'épilogue : des mots qui inspirent
Quand une personne vit pleinement les autres en font autant (...)
La psychanalyste et la femme mûre que je suis devenue est persuadée, aujourd'hui comme à l'époque, que si une femme vit sa vie à fond, de son mieux et à sa manière, cette vie devient non seulement un exemple, mais un bonheur pour les autres, un don qui lui sera rendu au centuple par les êtres justes et les gens de cœur. Les modèles que nous choisissons peuvent être proches ou lointains, mais le résultat est le même. Les femmes finissent par ressembler aux personnes vers lesquelles elles se tournent et qu'elles tiennent en la plus haute estime (...) On ne devient pas une ancienne simplement par le fait d'avoir vécu un grand nombre d'années mais plutôt par ce que l'on a fait durant tout ce temps et par ce dont on se remplit au moment présent, voire par la manière dont l'on s'est formée avant d'avoir eu un certain âge (...) C'est cet héritage qui me permet d'affirmer qu'il n'est jamais trop tard pour élargir le champ. Quel que soit notre âge, nous pouvons préparer maintenant notre passage vers le pouvoir de la vieillesse et la sagesse de l'âge.
(Clarissa Pinkola-Estés) (5)
La chaleur du cœur empêche nos corps de rouiller.
Adage japonais provenant de l'île d'Okinawa
(qui détient le record mondial du nombre de centenaires)
Comment devenir des porte-bonheur et non pas des poisons pour notre entourage ? ... Quelque chose en nous ne vieillit pas. Appelons-le le CŒUR. Non pas l'organe, qui lui vieillit bien sûr, mais la capacité d'aimer et de désirer. Cette force inexplicable, incompréhensible, qui tient l'être humain en vie... C'est le cœur qui peut nous aider à dépasser nos peurs... Vieillir est un art...
(Marie de Hennezel) (6)
Il faut toujours garder les deux yeux ouverts, un œil ouvert sur la misère du monde pour la combattre, un œil ouvert sur sa beauté ineffable, pour rendre grâce.
(Abbé Pierre) (7)
N'efface pas une seule de mes rides. Chacune d'elles m'a coûté trop cher !
(Anna Magnani, à son maquilleur) (8)
Il y a des gens qui commencent à se préparer à mourir quand ils approchent de 70 ans. Il y en a d'autres qui se préparent à vivre jusqu'à ce qu'ils aient 90 ans. Si ceux qui se préparent à vivre jusqu'à 90 ans meurent à 70, ils ne sauront pas la différence... Mais si ceux qui se préparent à mourir à 70 vivent jusqu'à 90, les 20 dernières années peuvent être infernales.
(Un aîné de 93 ans) (9)