Je cherche à approfondir, à dire mon malaise ombrageux à vieillir et dans ce processus, je sens poindre plus d'étoiles lumineuses dans le processus de "dire" et "d'inter-relations", d'échanges avec d'autres femmes. Je veux communiquer. Je fais cette œuvre pour exprimer mon malaise social parfois très grand d'être "moins" importante en vieillissant. Je veux dire que j'existe encore, que je suis encore vivante, encore "humaine" jusqu'à la dernière seconde.
La partie sur ma mère : je veux dire que maman m'a appris beaucoup même à travers cette maladie ingrate qui ressemble à la maladie d'Alzheimer. Vivre et sentir le moment "présent" sans passé, ni futur. Sentir la vie sans attente. Transmuter la mort de ma mère.
MAMAN
Arbre de ma pré-vie
Écorces ridées de sourires et de vie
Coupée de ta sève d'histoire vivante
Cela fait trois ans le 8 février
Que tu nous as quittés
Enfin délivrée de c'te maudite maladie là !
Perdre les noms
Perdre les mots
Perdre le temps
Perdre ton histoire
Perdre ton passé
Perdre la mémoire
Perdre ton futur
Perdre ta vie
Mais jamais
Tu n'as perdu ton présent
Maman
Parfois ton caractère surprenait
Ton comportement nous déboussolait
Tes dernières années ont été envahissantes
Surpris par cette maladie remplie d'impuissance
Qui nous a tous mis en effervescence
En famille, nous avons répondu à tes urgences
Tu es devenue notre enfant
Tu es devenue mon enfant
Tu es devenue ta vie inversée
Tu es devenue mon enfance inversée
Ta fin de vie m'a troublée
Et aussi transformée
J'ai appris sur toi, sur moi
Et surtout, sur le soi
Tu m'as fait comprendre
Que l'instant présent
L'intensité des petits moments
Valait plus que tous les présents
Je m'ennuie Maman
De ton sourire qui parlait tellement
Qu'aucune parole bien pensée
Ne saurait remplacer
Ce sourire si content
Que je sois là dans ton présent
