Mon œuvre a deux parties puisque nous sommes deux. Une œuvre écrite, une œuvre parlée, une œuvre enregistrée. Une œuvre qui voyage avec les autres œuvres. Montrer la résultante de plusieurs boîtes différentes et semblables à la fois, une action libre ! "Comme elles se voient faire partie de la vie", les femmes pourraient être vues dans leur simplicité. Pourtant les cris sont là, muets. Il faut les ressusciter. Les exposer dans une lumière chaste et douce. Et la mort qui veille dans leurs souffrances qui ne connaissent pas de fin. Leur fragile liberté ressent toujours le danger.
L'art dans la foule des gens. Je ne touche pas à pleines mains cette bulle, j'effleure, je tatillonne, je partage, je mets des mots ici et là, je les relis et j'essaie d'y voir ces femmes qu'on ne sait pas voir. Des fois j'ai l'intuition que c'est pas si utile que ça pour le monde entier; les guerres, les malheurs quotidiens m'enfargent, mais dès que je me retrouve devant chaque boîte, devant chacune de nous, je me surprends à vouloir résister et trouver que notre action, maillon par maillon, resserre la chaîne, et la grandeur de notre branle-bas de combat m'apparaît tout à coup : il faudra bien nous regarder et nous voir vraiment.
Françoise a écrit Blandine et Rosalie en collaboration avec Nathalie Fortin.