La vie, la mort, la vie. Des boîtes qui s'ouvrent à l'infini car ce n'est jamais terminé. Cela conduit toujours plus loin, plus profond, plus petit. Je porte en moi les atomes des personnes qui m'ont précédée. Je prolonge la vie et d'autres prolongeront la mienne. Vie, mort, vie. Il y a une ligne, une lignée, qui ne s'arrête jamais. J'apprends de la mort des personnes que j'accompagne. J'apprends à vivre en vivant jusqu'à l'infini du souffle.
Je n'ai pas peur de la mort. Je porte ma mort depuis que je suis née. À vrai dire, je suis morte tellement de fois depuis que je suis née. Je regarde des images de mon passé… Morte, cette petite fille assise dans la chaise de jardin à Rimouski. Morte, cette enfant qui fait sa première communion. Morte, la tromboniste qui faisait vibrer les murs de sa chambre. Morte, cette jeune femme remplie de colère et animée par la flamme de ses vingt ans. Morte, la fille de ma mère car morte ma mère. Morte, cette artiste de performance devant des spectateurs médusés et jamais rencontrés. Morte, mon amitié avec Aïda le jour où sa voiture a embouti un camion dix-huit roues.
Morte, morte, morte tellement de fois, et ainsi, les graines de ces fleurs de vie se sont replantées dans la terre. Replantées dans mon cœur et dans celui d'un enfant en Afrique du Sud. Replantées et enracinées dans le ciel.
Mourir, ce n'est pas disparaître. C'est permettre de renaître.